10 septembre 1873

Paris, 10 septembre [18]73, mercredi matin, 8 h. ¾

Je t’ai vu, je sais que tu as bien dormi, mais je ne suis pas bien sûre que tu m’aimes... comme je t’aime, ce qui fait que je ne suis pas entièrement satisfaite et que mon cœur n’éprouve qu’un bonheur mitigé de doute et d’inquiétude. Eh ! bien, non, je me reprends et j’affirme que tu m’aimes autant que je t’aime et que je mérite d’être aimée et que j’ai tort de penser et de dire quelquefois le contraire. Je t’en demande pardon et je souris, je te bénis et je t’adore. J’espère pouvoir sortir demain si le temps le permet. Sortir avec toi, bien entendu, car toute autre sortie sans toi n’a aucun charme pour moi. Peux-tu me dire qui nous aurons à dîner demain avec le citoyen Busnach ? J’ai besoin de le savoir pour commander ce qu’il faut acheter. Si j’y pense je te le demanderai avant que tu ne t’en ailles. Jusque là, je te baise à bouche et à cœur que veux-tu ?

BnF, Mss, NAF 16394, f. 264
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette