Paris, 1er mai [18]77, mardi soir, 1 h. ½
Quel bonheur ! quel bonheur !! quel bonheur, les voilà enfin revenus au nid ces chers oiseaux de paradis [1] ! Leur approche seule a suffi pour me ravigoter de pied en QUATRE et je me… interrompue par toi-même, mon ineffable bien-aimé, et reprise maintenant, après notre excursion à Versailles, à 5 heures ½. La joie de revoir ces adorables petits enfants et la joie plus grande encore, si c’est possible, de te sentir heureux par eux ont dissipé tous mes bobos au point de me croire capable des plus hauts exploits. En attendant que tu me mettes à l’épreuve, je fais blanc de mon épée [2] avec toute la forfanterie usitée en pareil cas.
J’ai trouvé, en entrant dans ma chambre, des épreuves avec un petit mot de Paul Meurice. Plus un article manuscrit et une lettre de Gilles la Palud qui te prie, si tu le trouves bien, de l’envoyer au journal ; puis enfin une carte avec quelques lignes très expressives d’une marquise de Grimaldi. Tu verras tout cela dès que tu rentreras. Quant à moi, je n’y vois que du feu dont je voudrais te brûler.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 119
Transcription de Guy Rosa