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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 mars 1847

22 mars [1847], lundi après-midi 2 h.

Je vais aller te chercher, mon cher petit homme, mais cette joie est fort troublée par la pensée de te quitter presque aussitôt et de ne te revoir peut-être plus d’ici à demain. Si je pouvais espérer que tu reviendrais cette nuit me voir je serais la plus heureuse des femmes. Je t’en prierai bien et je suis sûre que tu feras tout ton possible pour me satisfaire. Tu vois, mon doux bien-aimé, qu’il est impossible d’avoir une plus grande confiance en ta bonté et que si je ne suis pas toujours contente c’est parce qu’il m’est bien impossible d’être heureuse sans toi.
Cher scélérat, je sais de vos nouvelles. Je sais que vous ne résistez pas à la tentation des nudités de toutes sortes dont on fait étalage dans vos salons. Que je vous y prenne encore et vous verrez si je ne vous fiche pas des coups et si je ne vais pas montrer toutes mes beautés en public. Nous verrons qui sera le plus attrapéa dans cet assaut de concurrence et de décolleteries. Voime, voime. Mais en attendant je crois que je suis lézée, lézée très lézée et beaucoup trop lézée, comme dirait Mme Triger, et je commence à me trouver bien bonnasse de le souffrir. À partir d’aujourd’hui je m’y oppose formellement et je fais repasser mon plus atroce couteau. Tenez-vous le pour dit et fermez les yeux.
Cher petit Toto, mon amour, mon beau garçon, je suis absurde à force de vous aimer. Il m’est impossible de penser à autre chose qu’à vous, de m’intéresser à quoi que ce soit si ce n’estb à tout ce qui peut vous rapprocher de moi, de me plaire avec d’autres qu’avec vous et d’être heureuse que par vous et de ne vivre que pour vous.c

Juliette

MVH, α 7865
Transcription de Nicole Savy

a) « attrappé ».
b) Dans la hâte de la fin de lettre, Juliette écrit : « quoi ce soit si n’est ».
c) Fin de phrase fautive, mais le sens est parfaitement clair.

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