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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 janvier [1843], mardi, 11 h. du matin

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon bon petit homme chéri. Comment vas-tu ce matin, comment va ta petite gorge ? Je t’ai fait faire ton gargarisme, tu peux venir t’en servir tout de suite. Tu peux même me faire sortir si le cœur t’en dit. Il fait un temps, sinon très beau, du moins d’une douceur accablante. Je te promets, si tu viens me chercher, d’accepter avec enthousiasme ton offre de service.
Je te remercie, mon adoré, de ton laissez-passer, il a beau ne devoir pas me servir tout de suite, je n’en suis pas moins très heureuse à l’avance de la certitude de pouvoir m’en servir dès qu’on reprendra tes répétitions. Tâche que ce soit bientôt.
Je n’ai pas encore vu ton Dabat, il me semble qu’il est en retard. Heureusement que tu n’attends pas après lui. Je vais écrire tout à l’heure à ma blanchisseuse de dentelle et à Jourdain. Il s’agit pour ce dernier de lui demander l’adresse de ses cardeuses de matelas afin que mon portier aille leur redemander une clef des commoditésa qu’elles ont emportée, soi-disantb. Voilà déjà plusieurs jours que Suzanne me rabâche cette histoire aux oreilles et je vais écrire au tapissier pour n’en plus entendre parler.
Voilà les nouvelles de ma maison. Quant aux miennes elles sont des meilleures. Je vous aime de toute mon âme et je vous désire de tout mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 95-96
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « commoditées ».
b) « soit disant ».


31 janvier [1843], mardi soir, 5 h. ½

Vous voilà déjà reparti, mon Toto, et Dieu sait quand vous reviendrez ? Je suis très contente que vous ayez rossé Cousin, mais je le serais davantage si je pouvais espérer que vous allez revenir bientôt. S’il faut que je passe encore toute ma soirée toute seule ce sera fort triste, mon amour, pensez-y. De mon côté, je tâcherai à te faire penser à écrire à ce M. qui t’envoie des vers imprimés. Il y a encore deux ou trois individus qui attendent leur réponse depuis longtemps : celui dont la mère est morte et celui dont tu as perdu l’adresse. Je t’en fais souvenir parce que tu m’en as chargée mais au lieu d’écrire à tous ces gens-là, je voudrais que tu commençasses par me donner quelques heures de bonheur, car charité bien ordonnée commence par soi-même et quand il s’agit d’être un moment avec vous je deviens féroce avec tout le monde. Voilà mon genre à moi, tant pis pour ceux qui le trouventa mauvais.
Il va falloir cependant que je fasse ces hideux comptes, je recule tous les jours pour mieux sauter mais le fait est que je ne connais rien de plus ennuyeux que ce travail-là. Je ne sais pas ce que je n’aimerais pas mieux. Ne me grondez pas, mon Toto, c’est bien assez pour moi de mettre toute ma force et tout mon courage, toute ma patience et toute ma résignation à vous attendre depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre. Il ne m’en reste plus pour les choses ennuyeuses de la vie, ce n’est pas ma faute. Aime-moi mon Toto chéri et viens le plus tôt que tu pourras. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 97-98
Transcription de Olivia Paploray, assistée de Florence Naugrette

a) « trouve ».

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