Paris, 5 avril 1880, lundi soir, 4 h. ¼
Pendant que tu présides à l’arrangement de ta bibliothèque avec les tapissiers, je reçois pour toi une lettre de Mme Magnin, laquelle s’invite à dîner en l’absence de son mari avec sa fille après-demain, mercredi. Cette aimable tuile va bousculer quelque peu, j’en ai peur, nos habitués de fondation du mercredi : les Allix, les Lecanu, les Foucher et les Boucherot, à moins que tu ne trouves d’ici là un procédé de faire accorder ensemble le contenant plus petit que les contenus. Ce dont tu es très capable, rien ne t’étant impossible, pas même l’achèvement de ton installation commencée depuis bientôt deux ans [1]. Et à ce propos, je pense avec satisfaction à la charmante surprise qu’en éprouvera ton excellent, nôtre, Paul Meurice qui souffre évidemment du peu d’intérêt que tu témoignais pour son œuvre commencée pour toi par lui avec tant d’entrain et de goût dans le but de te rendre service. Il sera évidemment très heureux que tu daignes l’achever toi-même et je m’associe de grand cœur à sa joie. J’espère que ce sera assez fini d’ici à demain pour qu’il en jouisse devant tous ceux qui seront là [2]. Moi je t’en remercie et je t’aime.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 95
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin