Paris, 1er avril 1880, jeudi soir, 4 h. ½
Cher bien-aimé, je trime depuis ce matin pour les comptes du 1er jour du mois, d’abord, et pour la pêche du fameux poisson que tu sais. Lequel, je l’espère, sera fort goûté par nos jeunes gourmands [1] ce soir. Tous ces soins ont empêché ma restitus d’arriver à l’heure matinale accoutumée. Mais je ne veux pas pour cela qu’il soit dit qu’elle ne montrera pas le bout de son nez, ne fût-cea que le temps de te dire : je t’aime ! C’est bien le moins que je m’accorde cette satisfaction après m’être occupée toute la journée du plaisir de tout le monde. Hélas, voici le temps gâté, Dieu sait pour combien de jours. Enfin, prenons-le comme il nous le donne et soyons heureux de nous aimer, quels que soientb la saison et l’état du baromètre. Je vais envoyer chercher la voiture pour notre petite promenade. En attendant qu’elle arrive, j’entasse pèle mêle tout ce que j’ai de meilleur et de plus tendre pour toi dans le cœur, pendant que mon âme ravie te bénit.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 91
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « fusse ».
b) « quelque ».