Paris, 8 février 1880, dimanche soir, 3 h.
N’était le mal certain qu’un trop long séjour au lit fait à ta santé, mon cher bien-aimé, j’approuverais celui que tu fais aujourd’hui pendant cette journée pluvieuse et ennuyeuse. C’est pourquoi je me permets de te harceler pour que tu te lèves et même pour que tu sortes, ne fût-cea qu’une heure, d’ici au dîner. En ce moment il se fait une petiteb éclaircie dans le ciel et un temps d’arrêt dans la pluie. Malheureusement tu n’es pas prêtc, tant s’en faut, ce qui fait que je n’ai aucun espoir d’être écoutée ni obéie.
Je t’aurais écrit une partie de tout cela en sortant de mon lit ce matin, si je n’avais pas dû m’occuper activement à la préparation de mon bain dont j’avais grand besoin. Enfin j’en suis venue à bout ainsi que de mon peignage à fond et me voici, à la forme près, « FORMA » (Excusez du peu) [1], presque aussi nette que Vénus sortant de l’onde, ne pas lire, Londres [2], capitale de l’Angleterre, comme disait ta savante Petite Jeanne. Et je vais aller savoir à quelle heure tu comptes te décaniller [3] de ton dodo et pour te scier [4] de mon sempiternel et éternel amour.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 39
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « fusse ».
b) « petit ».
c) « prêts ».