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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 17 juillet [1880], samedi matin, 6 h.

Cher bien-aimé, ne pouvant pas dormir je suis venue me réfugier ici pour mettre à profit mon insomnie en dépouillant le courrier monstre qui est arrivé hier. Parmi ce monceau de lettres s’en trouve une de Rothshild de Londres contenant le détail des opérations de banque faites en ton nom avec prière d’en vérifier l’exactitude et d’en renvoyer tout de suite le récépissé signé par toi. Puis une lettre venue mystérieusement signée d’un nom illisible te priant de faire tenir au plus tôt à Rochefort une lettre qui l’intéresse. Ces deux lettres, la tienne et celle de Rochefort sont sous la même enveloppe avec le timbre de la questure du Sénat. Puis un recours en grâce d’un malheureux condamné à mort à Périgueux pour assassinat le 14 juillet dernier, le jour même de la fête nationale ; c’est au nom de cette coïncidence que ce malheureux demande grâce de la vie. Dieu veuille que tu l’obtiennes en récompense de ton infatigablea dévouement à cette œuvre [1] sainte et sublime : le respect de la vie humaine. Je baise précieusement ta sainte main et je te bénis.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 191
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin

a) « infatiguable ».

Notes

[1Victor Hugo a lutté toute sa vie pour l’abolition de la peine de mort. Ce combat est d’abord mené au moyen de son œuvre littéraire avec notamment, Le Dernier Jour d’un condamné (1829) et Claude Gueux (1834). Il va tenter toute sa vie d’infléchir l’opinion en décrivant l’horreur de l’exécution, utilisant ses talents d’écrivain et son statut d’homme politique en faveur de condamnés en France comme à l’étranger. Ce n’est que bien plus tard que son combat sera gagné. Portée par l’engagement et le discours à l’Assemblée nationale du ministre de la Justice, Robert Badinter, la loi du 9 octobre 1981 a aboli la peine de mort en France.

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