Guernesey, 30 septembre 1859, vendredi matin, 8 h.
Bonjour mon cher, mon bien, mon plus que très cher, mon plus que bien, bien-aimé, bonjour, je t’adore. Comment vas-tu ce matin, mon cher petit homme ? De ta petite rougeur au front, il n’en est plus trace du tout, j’espère, car déjà hier au soir c’était complètement effacé. Seulement, tout cela sont des petits avertissements d’ange gardien d’avoir à te soigner et à être prudent, surtout à ce moment-ci de l’année. Je te supplie d’en tenir compte et de ne rien faire qui puisse compromettre ta chère santé d’une façon quelconque.
Je n’ai pas eu la présence d’esprit de te demander hier au soir si tu avais reçu des nouvelles d’Hetzel, pourtant Dieu sait si je m’intéresse à l’apparition de ton nouvel astre splendide dans ton ciel littéraire [1]. Mais je suis si occupée de ton sourire, de ton regard, de ta parole, de tout ton être quand j’ai le bonheur de t’avoir, que je ne songe plus à rien qu’à remplir mon cœur, mes yeux et mon âme de toi.
Juliette
Bnf, Mss, NAF 16380, f. 219
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette