Paris, 31 décembre [18]77, lundi soir, 7 h. ½
Cher bien-aimé, les bonnes grâces de fin d’année et les cadeaux princiers de nos hôtes, loin de me distraire de mon idée fixe : ma petite lettre à mon réveil demain matin, ne font qu’aviver encore, si c’est possible, l’impatience que j’ai de couvrir de baisers cette nouvelle chère lettre annuelle [1], bien venue d’avance, bien ardemment attendue pendant trois [cent] soixante-cinq jours et bénie de confiance bien religieusement.
J’espère qu’elle ne te coûtera pas trop à faire puisque tu n’as qu’à regarder comme moi dans ton cher grand cœur pour y voir le trésor d’amour que j’y ai enfoui depuis quarante-cinq ans bientôt.
Je suis bien contente que Mme Lockroy nous fasse déjeuner et dîner demain avec Georges et avec Jeanne. La présence de ces deux êtres adorables et adorés ne peut que nous porter bonheur pour toute l’année. Qu’ils soient bénis ainsi que toi dont je baise les pieds avec dévotion.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 354
Transcription de Guy Rosa