Lundi, 8 h. ¼ du soir
Depuis que tu m’as quittéea, mon cher petit homme, je ne pense qu’à toi et je t’aime. Je crains que tu ne sois malade. Cette idée m’afflige plus que je n’ose te le montrer. Je trouve que tu t’imposesb sans une nécessité impérieuse, un travail qui te fatigue et altère ta santé. Je voudrais que tu comprisses mieux tes vrais devoirs envers nous deux, qui seraientc de ménager ta vie et par conséquent mon avenir. Je voudrais que tu aies plus de laisser-aller avec moi et que tu me permettes d’user plus souvent des ressources qui me restent encore. Vois-tu, mon cher Toto, je te le dis bien sincèrement. Je crains que tu ne finissesd par tomber malade, et cette seule crainte suffit pour me rendre la vie triste et insupportable. C’est que tu ne sais pas combien je t’aime, ni comment je t’aime. Tu es plus que tout pour moi, tu es mon amour. Viens que je te délasse, que je te guérisse avec mes baisers.
Juliette
[Adresse :]
À mon cher Toto
BnF, Mss, NAF 16324, f. 236-237
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « quitté ».
b) « tu t’impose ».
c) « serait ».
d) « finisse ».