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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Aux Metz, dimanche matin [27 septembre 1835], 9 h. ¼

Bonjour, mon adoré, bonjour, mon roi, bonjour, mon amour, bonjour, toi que j’aime. Je t’ai bien aimé, va, je t’ai bien adoré, j’ai bien relua des fois ta lettre depuis hier au soir et je l’ai bien baisée pendant cette nuit où je souffrais et où je ne dormais pas.
Il fait bien mouillé ce matin, j’espère que le temps sera moins grognon à midi, ce qui me permettra d’aller au devant de toi, mon bien-aimé, non pas par la prairie. Tâchez de n’être pas un petit BÊTAb comme l’autre jour et de ne pas nous faire perdre deux grandes heures de bonheur, entendez-vous ?
J’ai toujours beaucoup de coliques mais surtout des maux d’estomac atroces. Je ne sais vraiment à quoi attribuer cela. J’espère que d’ici à deux ou trois jours tout cela aura disparu d’une façon ou de l’autre.
Je suis en train de faire sécher la Revue Rétrospective [1], l’un de nos deux trophées. Je veux garder ces deux brochures toute ma vie comme je gardec dans mon cœur toutes les paroles de tendre sollicitude que tu m’as ditesd pendant le temps de cet affreux orage.
Le ciel est bien noir en ce moment. Cela ne m’empêche pas d’espérer une journée heureuse et rayonnante parce que je te verrai, mon bonheur, ma joie, mon amour, mon VICTOR. Heureusement que nous avons bien mis à profit le soleil d’hier, et heureusement encore, nous avons pour aujourd’hui une bonne petite chambre et un bon petit lit où il ne pleut que de l’amour. À bientôt, ma vie.

BnF, Mss, NAF 16324, f. 306-307
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « relue ».
b) « bêtat ».
c) « je gardes ».
d) « dit ».


Aux Metz, lundi matin [28 septembre 1835], 8 h. ¼

Bonjour, mon adoré, tu vois bien que tu n’es pas venu, homme de peu de parole. Tu vois bien que j’avais raison quand je te disais que tu ne viendrais pas. Cependant, je dois avouer que j’ai été un peu plus attrapée cette nuit que les autres et que je t’ai attendu vraiment : je ne t’en veux pas, je te reconnais le droit de ne pas venir aux heures où je t’attends et celui de venir quand et comme tu voudras.
Je me suis encore levée cette nuit à 3 h. Je ne sais pas le temps que j’ai passé sans dormir mais il m’a paru bien long. J’ai eu encore des coliques et des maux d’estomac que j’ai encore très fort dans ce moment-ci. Je ne sais qu’en penser ni qu’y faire.
Je me suis couchée hier à 11 h. dans l’intention de dormir ma nuit entière. La précaution ne m’a pas réussi.
Le temps est encore capricieux ce matin, il pleut, il fait du soleil. Dans ce moment, il fait du soleil et un grand vent ce qui soutiendra le temps toute la journée. S’il ne pleut pas d’ici midi, je m’en irai par la prairie. Autrement, par le pavé, je m’en irai un peu plus tôt qu’à l’ordinaire pour être à l’un de ces deux rendez-vous avant que tu ne sortes de chez toi.
Mais que je t’aime, mon Victor, que je t’aime. Oh oui, bien plus qu’[avant  ?] toutes les autres années. Je t’aime de tous les amours.
Je t’aime avec tout mon être. Je t’adore. Je ne suis heureuse qu’avec toi et dans ta pensée. À bientôt, je t’envoie mon âme, en attendant que je porte mon corps.

BnF, Mss, NAF 16324, f. 308-309
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Il semblerait que Juliette ait utilisé cet ouvrage comme couvre-chef pour se protéger de la pluie. La Revue rétrospective, ou Bibliothèque historique, contenant des mémoires et documens authentiques, inédits et originaux est un périodique publié par Jules Taschereau, entre 1833 et 1838.

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