Guernesey, 11 juin [18]70, samedi matin, 6 h.
Je charge petit Georges et petite Jeanne de mon bonjour le plus tendre et le plus souriant pour toi et, je suis sûre d’avance qu’ils ne trahiront pas cette mission de confiance. J’espère que tu as passé une very good nuit, ce qui me rend indulgente pour la mienne qui a été assez quelconque. J’ai ce matin un plastron de rhumatisme dans la région de l’estomac qui me fait beaucoup souffrir. Heureusement que j’ai le temps de l’amadouer d’ici à tantôt et que personne, pas même toi, je l’espère, ne s’apercevra de mon infirmité. Je ne t’ai pas demandé si tu voulais que je continue de payer la voiture mais en tout cas je tiendrai pour aujourd’hui l’argent tout prêt. Je serai bien contente si tu interviens auprès de Marie pour qu’elle ne nous prive pas du plaisir de dîner avec petit Georges. Vrai, cela a été une grande privation pour tout le monde en général et pour moi en particulier que l’absence de ce cher petit être rayonnant. Il faut que cela n’arrive plus ou ma tante pas contente [1]. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 162
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette