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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 août 1870

Guernesey, 7 août, [18]70, dimanche soir, 3 h. ½

Quoi que tu décidesa et que tu fassesb, mon cher bien aimé, je suis avec toi cœur, corps et âme. Donc ne te gêne [pas] pour faire et défaire tes projets jusqu’à ce que tu en trouves un qui te plaise et que tu puissesc réaliser [1]. Mais surtout pas de séparation, même d’une seconde, quoi qu’il arrive. Bonheur, ou malheur, ou mort doivent nous trouver inséparables. Voilà notre contrat que nous n’avons pas le droit d’annuler, pas plus l’un que l’autre [2]. Il faut que ce soit entendu une fois pour toutes et ne jamais s’en départir quelles qued soient les circonstances et les événements qui se présenteronte. J’y insiste jusqu’au rabâchage pour que tu ne me fassesb plus de méchante proposition à l’avenir. Pour cette fois, je pardonne Papapa. Je trouve que le citoyen Rimmel et le citoyen autrichien [3] ont fière chance de tomber juste à Hauteville House [4] le jour où tu fais à ton Charles la bonne grâce de lui lire des vers [5] ! Heureusement que j’en profiterai aussi avec lui, avec eux et avec toute la compagnie présente en ce moment [6]. Quel bonheur ! Quel Bonheur !! Quel bonheur !!!

BnF, Mss, NAF 16391, f. 215
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette

a) « décides ».
b) « fasse ».
c) « puisse ».
d) « quelques ».
e) « présenterons ».

Notes

[1Le 4 août, la France vient d’essuyer sa première défaite à Wissembourg contre la Prusse : ces nouvelles semblent annoncer la fragilisation de l’Empire de Napoléon III et Victor Hugo commence à envisager son retour en France après près de dix-neuf ans d’exil.

[2En novembre 1839, Victor Hugo et Juliette ont scellé une sorte de « contrat » dans lequel ils ont juré de ne jamais se séparer et de s’aimer éternellement. Quelques expériences de séparation momentanée et malheureuse ont traumatisé Juliette, comme le court séjour à Jersey de juin 1860 où, partie la veille, elle a attendu dans la plus grande angoisse le bateau de Hugo qui n’était pas parti.

[3La veille, Eugène Rimmel arrive à Guernesey accompagné d’un ami, le docteur Pick.

[4Maison de Victor Hugo à Guernesey.

[5Il doit s’agir du poème « Georges et Jeanne » du recueil L’Art d’être grand-père.

[6M. et Mme Duverdier, leur fille Marguerite et Miss Joss sont venus rendre visite à Victor Hugo au même moment que son fils Charles, le 11 juillet précédent.

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