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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 novembre [1836], mardi soir, 9 h. ¾

Mon cher bien aimé, je n’ai pas pu vous écrire ce matin, ni tantôt et vous en savez la cause ? Je voudrais bien avoir tous les jours le même empêchement soit dit sans vous offenser ?
Nous avons eu une fameuse inspiration hier au soir. Quel dommage que vous n’en ayez pas de pareille tous les soirs. Nous nous en trouverions très bien, je vous assure.
Je t’aime mon petit Toto chéri, je t’aime de tout mon cœur, je ne veux plus être méchante jamais jamais. À moins que tu ne prennes l’engagement de me donner beaucoup de COUPS chaque fois que cela m’arrivera, à cette condition, seulement, je consens à avoir de temps en temps de petit accès de grogneries et de jalousies.
Je crois que nous avons fait aujourd’hui un assez bon marché. Fichtre, nous aurons des fameux fauteuils comme chez le ROI qui ne s’appelle pas LOUIS-PHILIPPEa.
Je t’ai vu bien préoccupé tantôt, mon cher ange. J’aurais voulu ne te donner aucune distraction. D’un autre côté le bonheur de me retrouver au grand air avec toi, me donnerait de la gaieté que je trouvais trop voyante sans pouvoir pour cela la retenir. C’est que je vous aime tant, mon Toto, c’est que vous êtes si bon et si charmant, c’est que vous êtes si noble et si adorable qu’il y a bien trop de quoi me faire tourner la tête.
Si tu ne peux venir que tard cette nuit, eh ! bien je serai bien douce et bien reconnaissante pour le petit moment que tu auras su dérober à ton travail. Je te le promets mon cher ange. Si tu savais, j’ai le cœur qui déborde. Je t’aime au fond de l’âme, je t’aime devant Dieu encore plus que devant toi, car il ne m’est pas donné de t’exprimer, pas plus que toi de le comprendre, à quel point je t’aime. Tu peux me demander mon âme dans cette vie et dans l’autre, je te la donne. Je ne comprends même pas que j’aie besoin de te le dire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 189-190
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « Phillippe ».

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