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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 décembre [1835], lundi matin, 10 h.

Je suis levée, habillée, mon feu allumé eta prête à recevoir l’envoyé de Manière qui, je le crains, ne viendra pas.
Cher petit homme adoré, vous ne lisez donc jamais mes lettres puisque vous tenez si peu compte de ce qu’elles contiennent ? C’est bien mal à vous et bien cruel. Vous ne saviez pas que dans celle d’hier matin, j’ai pris l’engagement avec moi de ne plus vous parler de ce qui fait le charme et la tristesse de ma vie, de vos visites devenues de plus en plus rares et plus courtes. Je ne veux plus vous en parler parce que je suppose que ma discrétion vous touchera et que vous aurez pitié de la pauvre Juju qui souffre sans se plaindre. Mais si vous ne lisez pas mes lettres, vous ne savez pas cela et je cours un grand risque en comptant sur votre générosité.
Vous aviez bien raison, mon cher bien-aimé, en me donnant hier la devise du livre fermé [1]. Jamais devise n’aura eu un sens plus vrai et plus applicable à ma situation. Car ce livre fermé ne sera même plus ouvert par vous. Tout cela me rend fort triste et fort maussade et vous savez que je suis très facile à décourager du côté du cœur. Cependant, si vous veniez de bonne heure, si vous aviez un semblant d’amour et de gaieté auprès de moi, je sens que ma tristesse et mon découragement se dissiperaient au même instant. Ce que c’est que de vous aimer de toute son âme comme je le fais, mon Toto. Est-ce que j’aime pour deux ? lui ? ?

BnF, Mss, NAF 16325, f. 191-192
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « est ».


7 décembre [1835], lundi soir, 8 h. 20 m.

Quel plaisir tu m’as fait, mon cher bien-aimé, en m’apportant ton beau livre [2], bien plus beau encore sans son luxe typographique. Après le plaisir de t’avoir dans mes bras, tu ne pouvais pas m’en faire un plus grand. Ah çaa, je compte bien sur toi ce soir pour m’ôter l’affreux mal de rein que j’ai et qui semble augmenter de minute en minute. Si tu ne venais pas encore, je crois que je serais vraiment furieuse et fort grimaude. Ainsi, arrange-toi pour venir de bonne heure.
Mon cher petit Toto chéri, je vous aime. Je vous aime trop puisque cela me rend très malheureuse que vous ne veniez pas me voir longtemps et tout à fait. Si vous étiez bien bon et bien aimant, vous viendriez me consoler et me rendre heureuse ce soir. Vous verriez que vous n’avez pas perdu votre temps et que je prendrais du bonheur pour la veille, le jour et le lendemain. Ceci une fois dit, mon cher petit bien-aimé, il ne me reste qu’à vous aimer, en attendant qu’il vous plaise de venir voir votre pauvre petite Juju qui vous donne en un jour plus de baisers en désirs et en pensée que vous ne pourriez en consommer dans toute votre vie.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 193-194
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « À ça ».

Notes

[1À élucider.

[2 À élucider.

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