Guernesey, 25 novembre [18]68, mercredi matin, 8 h
Bonjour, mon grand bien-aimé. J’espère que tu as passé une bonne nuit, ce qui me console par avance de la mienne qui a été encore moins bonne que celle d’hier. Ce qui ne m’empêche pas de me porter comme un ange et de souffrir comme un diable. Il faut en prendre ton parti comme je prends le mien et faire ce que je fais pour toi, m’en aimer davantage. Le pauvre M. Pyrke aura un fichu temps s’il part aujourd’hui [1]. Il est vrai que nous en avons affronté souvent de pire QUE [2] encore sans l’aller dire à Rome. Mais, soit qu’il parte ou qu’il reste, je souhaite bonne chance à cet excellent homme qui t’admire et qui t’aime avec toute son intelligence et tout son cœur. Je crains pour lui que la traduction de ta seconde belle Lettre à l’Espagne [3] faite par Talbot n’arrive aux journaux anglais avant la sienne. Mais l’important, c’est la prompte publicité en dehors de toute sympathie personnelle pour les traducteurs RIDERS [4]. Celui qui arrivera premier sera le préféré du public. Moi, je t’adore dans mon box.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 324
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette