Guernesey, 21 janvier [18]70, vendredi, 5 h. ½ du soir
Je finis ma journée par où j’aurais désiré la commencer si je l’avais pu. Enfin ce qui est différé n’est pas perdu, dit le proverbe, et mon cœur est en ce moment de son avis car il déborde de tendresse et d’amour. Je n’ai pas eu le temps de lire aucun des journaux que tu m’as apporté depuis plusieurs jours, excepté les articles de tes fils, de Vacqueriea, de de Lockroy. Quant aux autres, je ne les ai même pas ouverts. Je parle des journaux bien entendu... Je suis tellement affairée et abrutie que je ne sais ni ce que je dis ni ce que j’écris. Cet état désagréable n’est pas près de finir car Constantin déclare qu’Henriette en a encore au moins pour un mois en supposant qu’il ne se trompe pas dans son attestation de ce matin comme il l’a fait à plusieurs reprises depuis deux mois, la difficulté est à présent d’en trouver une autre tu vois que je suis loin de cesser de trimer. Mais pourvu que tu te guérisses [1] bien vite et que tu m’aimes je suis contente et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 22
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « Vaquerie ».