Guernesey, 7 janvier [18]70, vendredi soir
Je sais que ton festival a été comme sur des roulettes et que tes princesses rayonnaient de bonheur ainsi que tes autres invités, mais cela constaté j’aimerais assez savoir où tu en es ainsi que le Rappel des ruades du Bonaparte [1]. Malheureusement le temps n’est guère favorable aux allées et venues et il n’est guère probable que je te voie avant l’heure du dîner. Cela étant je fais de nécessité vertu et je me résigne à attendre. Je n’ai pas eu le temps ce matin de te dire que le médecin avait conseillé de nouveau à Henriette de passer encore huit jours chez sa mère à se soigner dans une immobilité complète. Tu penses que je ne m’y suis pas opposée, au contraire. Mais me voilà encore une fois forcée de trimer jour et nuit. Peut- être cela est-il bon pour ma santé, je veux bien le croire, mais ce qui serait meilleur encore ce serait d’être aimée de toi comme je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 8
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette