Bruxelles, 30 août [18]68, dimanche matin, 8 h.
J’espère, mon cher bien-aimé, que tu as pu dormir cette nuit et que ta santé ne se ressent pas trop des cruelles émotions de toute cette triste semaine. Je voudrais trouver dans mon cœur le baumea qui calmerait la profonde blessure du tien et je ne trouve rien qu’amour, amour et amour. Prends-en ce que tu voudras, quand tu voudras et comme tu voudras, car je n’en suis que la dépositaire fidèle prête à mourir plutôt que d’en perdre une parcelle. Je te supplie de ne pas t’occuper de moi tout le temps que dureront tes affaires de famille. Et, pour t’ôter tout souci de ma santé, je te promets de sortir tous les jours où le temps le permettra pendant une heure ou deux de midi à deux heures. Même si notre séjour devait se prolonger longtemps encore ici, je demanderais à l’hôtel de m’organiser un éclairage à la lampe qui me permettrait de rester chez moi le soir en laissant toute la liberté à nos excellents Berru. De toute façon, mon cher bien-aimé, ne t’inquiète pas de moi. Je saurai toujours me résigner aux nécessités de ta situation. J’ai pour cela la force des forces : JE T’AIME.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 240
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]
a) « le beaume ».