Guernesey, 8 avril [18]68a, mercredi, 7 h. ¼ du matin
Bonjour, mon cher adoré. Bonjour et bonheur si ta nuit a été meilleure que la mienne, comme je l’espère. Je suis honteuse de t’entretenir avec détails de toutes mes petites tracasseries physiques. Mais puisque tu l’exiges absolument, je m’y soumets en bisquant de toutes mes forces. J’espère que tu ne t’opposeras pas aujourd’hui à la reprise de la collation puisque mon rhume de cerveau est tout à fait passé à l’enchifrènementb [1] près, ce qui ne m’empêche pas de lire et d’entendre ce que lit Mme Chenay. Je vais tout disposerc pour cela d’ici à tantôt. Ma maison et moi serons prêtes pour deux heures. D’ailleurs il n’y a pas moyen de faire passus aujourd’hui puisqu’il pleut. Donc je demande à collationner à mort, c’est la seule manière d’être avec toi malgré ton absence. Et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 100
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « Guernesey, 8 mars 68 ». « Avril » a été rajouté sur le manuscrit d’une autre main que celle de Juliette.
b) « l’enchiffrènement ».
c) « tout disposé ».