Guernesey, 6 septembre [1861] [1], vendredi matin 7 h. ½
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour et bonheur si tu as bien dormi toute, toute la nuit. Il me semble que vous n’êtes pas rentré vous coucher tout de suite hier et à 10 h. ¼ vous n’aviez encore aucune lumière chez vous. Où donc vous êtes-vous attardé si longtemps ? Quel est ce mystère ? Répondez si vous pouvez et si vous l’osez. En attendant j’ai dormi comme une femme sûre de son fait, c’est-à-dire comme une bienheureuse. Depuis ce matin je cherche dans vos lettres et dans vos papiers. J’ai retrouvé tout de suite la lettre du Cap [2] ; quant à la facture de la Croix-Blanche [3], il n’y en a de trace nulle part. Du reste j’ai mis de côté toutes les notes d’auberges manuscrites et sans imprimés. Peut-être reconnaîtras-tu celle que tu cherches. Mais je pense que cette note est dans tes papiers à toi parce que tu n’as pas eu le temps de me la donner dans le hourvaria de l’embarquement. Dans tous les cas si tu ne la trouvais pas tu ferais bien d’écrire un mot à cette brave femme car il me paraît impossible, d’après le bon marché de sa note, que la course du fiacre y soit comprise. Quelle bête de restitus qui me prend tout mon papier et qui me laisse à peine la place pour te baiser de la tête aux pieds et vice Versailles.
J.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 88
Transcription de Florence Naugrette
a) « ourvari ».