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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 juin 1839

21 juin [1839], vendredi matin, 9 h.

Bonjour, mon cher petit bijou d’homme, bonjour, mon adoré. Je suis levée, peignée et habillée et les ouvriers de Jourdain ne sont pas encore arrivés, ce qui commence à me taquiner un peu, car je ne suis rien moins qu’à mon aise depuis huit jours. Voilà deux nuits que je ne dors pas. Cependant, mes maux de reins sont un peu calmés ce matin. Je viens de mettre, en votre honneur, un joli petit papillon en liberté et il n’a pas demandé mieux car il est parti à tire-d’ailea. Voici les tapissiers enfin. Ce n’est pas malheureux, n’est-ce pas mon amour, que la calèche d’hier ne compte pas ? C’est tout au plus si ça peut passer pour un coucou. Quant à moi, je souffrais tant, qu’excepté le bonheur d’être avec toi et de sentir ta main dans la mienne, je n’ai pas eu une minute le plaisir de la promenade. Je t’aime, mon adoré, je t’aime plus que de toute mon âme. Je voudrais me mettre à genoux devant toi et baiser tes pieds. Tu es si bon, si doux et si ravissant. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Baise-moi et viens tout de suite si tu peux. Je t’aime qu’on vous dit.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 19-20
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « tire d’ailes ».


21 juin [1839], vendredi soir, 10 h. ¾

Je réunis toutes mes forces et tout mon courage, mon cher adoré, pour te souhaiter mon petit bonsoir quotidien et amoureux. J’ai voulu me retrouver dès ce soir dans tous mes petits brimborionsa et je me suis épuisée de fatigue, je n’en peux plus. Ajoute qu’il a fallu faire un petit sacrifice à la folle du logis ; c’est Suzanne qui s’en est chargéeb, et quoique ça m’aitc horriblement vexée, je n’ai pas eu le courage de la grogner beaucoup, à cause de L’INTENTION et surtout parce que le malheur en lui-même lui a fait beaucoup d’effet. Je te dirai ce que c’est tout à l’heure. Maintenant il ne me reste que la place juste pour te dire que tu es mon adoré petit homme que j’aime de tout mon cœur. J’ai eu la visite des petites Besancenot et Julie a demandé en grâce à sa mère de la laisser avec moi jusqu’à dix heures et demie : QUEL BONHEUR !!!d Vous voyez bien qu’il y a des gens qui aiment MA SOCIÉTÉ. Et moi j’aime mieux la vôtre. Il est vrai que je suis un ANIMEAU bizarre. Baisez-moi, vieux loup, et ne tardez pas à venir. Je vous attends et je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 21-22
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « brinborions ».
b) « chargé ».
c) « est ».
d) Les trois points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.

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