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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 6 mai 1852, jeudi après-midi.

Petite Juju vit encore, mon Toto, et elle vous le prouvera QUAND VOUS VOUDREZ [1]. En attendant, elle fait acte de vie ici en faisant gigotera ses pattes de mouche sur son papier blanc sous prétexte de confidence et de causerie d’affaires, mais en réalité pour approcher son cœur le plus près du vôtre et pour le bonheur ineffable de faire passer sous vos yeux la trace de son âme. Mon Victor bien-aimé, me voici tout à fait guérie et rendue à les douces habitudes ; à partir d’aujourd’hui rien ne s’oppose plus à mon petit train-train d’occupations physiques et morales. Aussi je vais user de ma santé pour te copier et pour t’aimer à bride abattue. C’est le moyen d’abréger ma convalescence. Aussi je n’attends pas une minute de plus, quoique je sois encore très faible et très patraque. Je vais écrire tout à l’heure à la mère Lanvin pour lui envoyer le petit mandat de [60 F.  ?] sur Guyot sur lequel je te rendrai [3 F  ?], les 2 restant étant pour les impositions. Il est indispensable que ce bon parte aujourd’hui car les échéanciers de renouvellement sont pour le 9 de ce mois-ci. Je tremble pourtant que tu ne viennes pas avant l’heure de dîner. Enfin, ce ne sera pas de ta faute dans tous les cas, puisque tu n’étais pas averti. Mon cher bien aimé, ne me fais pas le bonheur trop court, tâche de venir le plus tôt possible car j’ai le cœur bien affamé de toi depuis ce long jeûne de dix jours où je t’ai à peine vu à travers la fièvre et la maladie. Je t’attends avec toute ma joie, tout mon plaisir et tout mon bonheur pour te faire fête.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16371, f. 1-2
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette

a) « gigotter ».

Notes

[1Le 19 avril, Hugo ayant employé maladroitement l’expression « Quand tu voudras » pour faire à Juliette une promesse de gascon, Juliette reprend cette formule plusieurs fois ironiquement dans cette période.

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