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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 mars 1872

Paris, 19 mars [18]72, mardi matin, 8 h.

Comment trouvez-vous cette feuille de papier ? Est-elle assez plate en long et en large ? Eh bien, mon cœur est encore plus large, plus long et plus plat devant vos trahisons. Mon amour a beau se rebiffer contre ce manque de dignité et de platitude, il finit toujours par se rendre à vous pieds et poings liés. Êtes-vous content, môsieu ? Moi, je ne demande qu’à l’être encore plus que vous. Pour commencer je voudrais savoir si ta nuit a été bonne et si les enfants n’ont pas trop toussé. J’espère qu’on me rapportera de bonnes nouvelles d’eux et de toi. En attendant je n’aurais pas mieux demandé que de sortir tantôt avec toi et chemin faisant faire la visite obligatoire de digestion à madame Lucas mais le temps si froid me rend cette promenade presqu’impossible à moins qu’il ne s’amende d’ici tantôt et moi aussi. Je ronronnerai avec mes vieilles douleurs au coin de mon feu toute la journée après avoir achevé de copier ce qui me reste des belles choses que tu m’as envoyées il y a deux jours. Tu ne peux pas savoir combien je suis fière et heureuse chaque fois que tu me donnes l’occasion d’admirer de près et avant tout le monde tes nouveaux chefs-d’œuvres ; malheureusement mon écriture devient de plus en plus mauvaise malgré toute mon application à la discipliner. Enfin, tant que les imprimeurs ne la refuseront pas, je te supplie de me laisser mon privilège. Je suis bien contente que tu approuves l’essai que je vais faire de la jeune Lanvin. J’espère qu’il me réussira et dans tous les cas cela ne peut pas avoir d’inconvénient d’essayer [1]. Quant au parti à prendre pour mon logis, tu en décideras toi-même comme tu l’entendras. Avant tout je désire te complaire autant que je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 76
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1Juliette Drouet se trompe lourdement : Blanche Lanvin, fille adoptive de ses amis, vivra avec Hugo une liaison dont Juliette souffrira atrocement.

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