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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 mai 1839

30 mai [1839], jeudi matin, 11 h. ¼

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon adoré, comment vas-tu ? Comment m’aimes-tu ce matin ? Voici les nouvelles : nous aurons nos croisées dans toute leur hauteur [illis.] plus unea imposte de 15 pouces sans trumeau. Enfin, une CORNICHE que l’architecte ajoute en manière de cornichon à ce fricot raté. Tout ceci orné de boulons, de [illis.] en fer et de [illis.]. Comme j’ai [illis.] j’en sais quelque chose et [illis.].
Quel beau temps, mon petit homme, et comme ce serait gentil [illis.]. Rien que d’y songer, cela fait venir l’eau à la bouche. Cela ne vous fait rien à vous, vieux bêtab, vous êtes [racorni  ?] sur ce bonheur-là, vous, mais moi, je suis encore à vif. Je donnerais toutes les corniches et tous les cornichons du monde, y compris leurs aimables inventeurs pour une heure de grande route avec vous. Qu’est-ce que vous avez à dire à ça ? TAISEZ-VOUS. Je vous aime, Toto, je vous aime, Toto. Je ne vous le dis qu’en pattes de mouche quand je voudrais vous le prouver en [illis.], en caresses et en baisers. Je vous aime, je vous aime, je vous aime. Êtes-vous bien i. Baisez-moi alors. Fort. Encore plus fort. Toujours de plus fort en plus [fort  ?].

[Juliette  ?]

BnF, Mss, NAF 16338, f. 222-223
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « un ».
b) « bêtat ».


30 mai [1839], jeudi soir, 6 h. ¼ a

Vous m’avez HUMILIÉE dans mon orthographe et dans mon amour propre d’auteur tantôt, mon Toto, mais soyez tranquille : dorénavant j’écrirai à mes amies et connaissances sans vous montrer les lettres. Qui est-ce qui sera VEXÉ ? Mais baise-moi donc, mais baise-moi donc. J’ai faim et soif de tes caresses. J’ai le cœur brûlant et les lèvres ardentes. J’ai besoin de toi. J’ai besoin de ta vue et de tes baisers pour me rafraîchirb. Pourquoi me condamnes-tu toute l’année au supplicec de Tantale ? Vieux vilain, allez, vous ne méritez pas que je vous aime si assidûment ni si éperdument. Taisez-vous. J’ai joliment ri tantôt en lisant le portrait de BALZAC [IL COR  ?]. Je ne le connais pas mais je sens qu’il doit être ressemblant. Je vous aime, vous. C’est un sentiment qui revient dans toutes mes idées et dans tout ce que je dis comme la note INFERNALE sur la musique du Freischütz [1]. Je vous aime, Toto, je vous désire, je vous attends, et je vous adore, en avez-vous assez ? Êtes-vous content ? Oh ! Je trouverai moyen de me venger sur vous de tout ce que vous me faites dire. Allez… Baisez-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 224-225
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) Un « V » et un « X » sont inscrits entre la date et le corps de la lettre.
b) « raffraichir ».
c) « suplice ».

Notes

[1Allusion probable à la septième diminuée faisant office de motif de rappel (ou motif caractéristique) associé au personnage de Samiel, l’esprit du mal dans le Freischütz (1821) de Weber. Ce motif colore la partition de Weber par ses divers retours. [Remerciements à Hervé Lacombe.]

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