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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 avril [1839], dimanche matin, 10 h. ½

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, mon Toto. Comment vas-tu ce matin, mon petit homme ? Mon rhume fait toujours des progrès, j’ai cru que j’ [étranglerais  ?] cette nuit, je ne pouvais pas m’endormir, j’avais la fièvre et je ne faisais que me moucher et tousser ! Ce matin je suis toute rouge et toute bouffie. Mais, toi, mon pauvre ange, résigné et courageux, qui ne te plains pas et qui travailles tous les jours et toutes les nuits, comment vas-tu, comment vont tes yeux adorés ? J’espérais que tu viendrais ce matin déjeuner mais il est dit que plus je te désirerai et plus je t’attendrai et moins tu viendras. Comment faire pour t’aimer moins ? Tu devraisa me l’enseigner, ne fût-ceb que pour ta propre tranquillité. Mais je ne veux pas vous grogner ce matin. Je sens que ce n’est pas le moyen de vous faire venir plus vite ni plus souvent. Baisez-moi. [dernière page illisible]

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 77-78
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « devrai ».
b) « fusse ».


21 avril [1839], dimanche soir, 6 h. ¼

Que tu es bon, mon adoré, et que je t’aime. J’ai besoin de te le dire avant de dîner car ma méchanceté me pèse. Je ne sais pas ce que j’ai aujourd’hui mais je me suis insupportable. Je souffre et je me hais. Jour Toto, je t’aime, toi, en revanche, et de toute mon âme encore. Vous devriez me tailler une plume, mon chéri, car je ne peux plus me servir des miennes et j’ai la paresse de n’en pas tailler. Si vous êtes tout à fait bon, mon chéri, vous reviendrez ce soir souper chez moi et vous m’aimerez de toutes vos forces. Je vous assure que mon mauvais caractère tient à ce que vous ne m’aimez pas assez. Vous me promettez toujours monts et merveilles et je ne vois rien venir. Aussi vous en voyez les beauxa résultats, c’est-à-dire qu’on ne peut pas me toucher avec une pincette. C’est bien fait, tant mieux, j’en suis bien aise. Quel vilain temps, il est presque aussi maussade et aussi grinchon que moi, il n’est peut-être pas assez aimé non plus, lui, c’est ce qui lui rend le caractère absurde. Baisez-moi, vieux vilain et pardonnez-moi d’être plus bête qu’à l’ordinaire puisque je vous aime encore plus.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 79-80
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « biaux ».

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