13 août 1881

Paris, 13 août 1881, samedi matin, 8 h.

Bonjour, mon grand petit homme, bonjour, ne te réveille pas, cela te dispensera de voir le vilain temps qu’il fait en ce moment ; pluie et vent et ténèbres, rien n’y manque.
Je ne crois pas me tromper en pensant que tu as eu une assez bonne nuit. Puisses-tu^a être de mon avis. Je ne sais pas encore comment va la pauvre M^me Lockroy mais j’espère, malgré la grande agitation qui s’est produite au-dessus de moi de trois à quatre heures du matin, qu’elle va mieux ce matin. Il est vraiment grand temps pour cette pauvre jeune femme que ce féroce bobo disparaisse car ses forces et son courage sont à bout. Il me tarde d’avoir de ses nouvelles et de savoir ce qu’en pensent les médecins.
En attendant, je continue le dépouillement de tes lettres, dont une du ministère de l’Instruction publique qui t’apprend qu’il accorde à ton protégé Métivier, sur ta recommandation, la faveur qu’il demande de prendre actuellement deux inscriptions cumulatives en vue du grade d’officier de santé. C’est très bien et j’en suis bien aise pour celui que cela regarde, mais je ne serais pas fâchée, à mon tour, si tu voulais bien régulariser ta situation et la mienne vis à vis de la Banque nationale de Belgique [1] et me dire ce qu’il faut que je réponde à la mère Morvan à propos du toit de notre maison de Guernesey. Sans parler des lettres qui nécessitent des réponses immédiates ; sans parler des exigences de mon vieux cœur qui veut être aimé comme il le mérite.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 186
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette