Paris, 16 mars 1881, mercredi matin, 9 h.
Cher bien-aimé, je fais achever le dépouillement des lettres, des adresses et des hommages venus pour ta fête [1] et qui étaient restés, vu l’énormité du tas, en souffrance dans ton cabinet et la besogne s’achève en ce moment grâce à la bonne volonté de l’excellent Lesclide. Mais, en même temps, je te donne avis qu’il serait plus que temps de mettre à l’abri en lieu sûr les beaux et précieux souvenirs que tu as reçus à l’occasion de ton glorieux anniversaire. C’est un parti qu’il faudra toujours prendre et le plus tôt sera le meilleur. J’en dis autant des couronnes et des devises en ton honneur qui se fanent et se détériorent dans tes deux salons.
Maintenant, mon cher adoré, que j’ai fini mon bourdonnement de mouche autour de ton coche, je reviens à mon mouton qui bêle à la porte de ton cœur pour obtenir de toi quelques bonnes tendresses dont il fera sa pâture et sa joie pour toute la journée.
Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 53
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette