Paris, 18 octobre [18]79, samedi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, il fait ce matin un temps digne de la bonne nuit que nous avons passéea tous les deux. Tâchons que la journée ne soit pas moins heureuse et moins charmante qu’eux.
Pour commencer je t’annonce un tas d’aimables lettres de tes hôtes d’aujourd’hui et de demain toutes plus empressées, plus enthousiastes et plus reconnaissantes les unesb que les autres. Malheureusement il en est d’autres, lettres, aussi intéressantes qu’intéressées, auxquelles il faudrait répondre, ce que tu ne fais pas assez souvent malgré la scie [1] quotidienne que je t’en fais. Malheureusement encore, « je n’y peux pas que faire » [2], comme disait jadis l’idiot Peter de Guernesey. Dieu sait que si je pouvais t’aider je m’y emploierais corps et plume mais il faudrait pour cela avoir fait mes études et voilà le hic auquel rien ne peut suppléer. J’ai beau faire tu n’en esc pas plus avancé, au contraire. Donc, mon cher petit homme, il faut prendre ton courage à deux mains et déblayer aujourd’hui même le monceau d’épîtres qui urge et qui hurle piteusement dans mon secrétaire depuis plusieurs jours et m’aimer, moi qui t’embêted et qui t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 251
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « passé ».
b) « les uns ».
c) « est ».
d) « t’embêtes ».