Paris, 4 novembre [18]79, mardi matin, 7 h. ½
Cher bien-aimé, je commence ma journée par le commencement avec l’espoir, Deo Volente [1], de la finir de même s’il me prête vie jusque-là. En attendant je te souris et je te bénis malgré la mélancolie du temps ce matin. J’espère que, comme moi, tu as bien passé la nuit et j’espère encore que les inquiétudes que donne la santé de l’excellent M. E. Lefèvre à sa famille se dissiperont bientôt mais jusque-là je ne saurai m’empêcher de partager sa crainte et sa tristesse car je l’aime de tout mon cœur pour son dévouement admirable à ta personne et à ta gloire. Je voudrais être déjà à ce soir pour en avoir de meilleures nouvelles par notre cher ami P. Meurice.
Cher bien-aimé, il serait bien nécessaire que tu donnasses un coup d’œil aux lettres qui sont arrivées depuis plusieurs jours et dont quelques unes, dont celle relative à ton expulsion, demanderaient une prompte réponse. Je voudrais pouvoir t’épargner cet ennui, mais cela n’est pas dans mes moyens, c’est pourquoi je t’en fais une scie [2] au lieu de te laisser tranquille. Pardonne-le moi et aime-moi car c’est à mon cœur défendant qui t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 265
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette