Paris, 11 août [18]79, lundi matin, 10 h. ½
Je suis bien heureuse de t’avoir vu, mon doux adoré, et d’être bien sûre que tu as passé une bonne nuit. Si je n’avais pas craint de troubler ton travail je t’aurais fait part tout de suite d’une lettre d’Edmond Magnier, de L’Événement [1], qui te supplie, au nom de la France, au nom de l’Humanité, de donner à la souscription patriotique qu’il a ouverte dans son journal pour les incendiés alsaciens [2], restés français par le cœur ; ton obole, c’est-à-dire ta haute adhésion à cette œuvre patriotique. Quant à moi, dans l’ignorance où je suis des empêchements qui peuvent se mettre entre cette nouvelle bonne action et toi, il me semble difficile que tu t’y refusesa. Mais, je te le répète, j’en parle devant moi et dans toute la sincérité de mon ignorance des choses qui peuvent s’y opposer. Tu verras la lettre et tu décideras. En attendant je te fais penser que c’est aujourd’hui la blanchisseuse, je ne te dis que ça. Je t’ai mis de côté trois numéros du Petit Parisien [3] afin que tu n’en ignores [rien] puisque tu désires le lire tous les jours. Cela fait je m’en tiens à mon Rappel [4] et à toi, vous me suffisez tous les deux pour mon esprit et pour mon cœur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 197
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « refuse ».