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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 mars 1836

29 mars [1836], mardi matin, 9 h. ½

Bonjour mon bien-aimé. Je t’écris de mon lit où je suis encore avec un excessif mal de tête. Je pense, ma chère âme, que tu n’as pas emporté de tristesse des petits nuages noirs qui ont obscurci notre bonheur hier au soir. Il y a eu malentendua de ma part mais aucunement l’intention de te faire du chagrin. Je ne te fais pas de reproches de celui que tu m’as fait avec intention et qui est irréparable à présent. J’espère que tu ne le feras plus jamais et que tu comprendras qu’il ne faut pas que nous profitions à notre détriment des préoccupations dont nous ne sommes pas les maîtres. Pardonne-moi si je te fais cette petite morale ; mais c’est que je suis vraiment bien triste de la perte de notre petit charmant dîner d’hier.
Je t’aime, oui je t’aime, tu ne peux pas en douter, toi, tu n’as pas le droit d’en douter. Tout ce qu’une femme peut faire humainement, je le fais. Tout ce qu’une maîtresse peut donner d’amour, je te le donne et bien plus encore. Je te donne ma vie, je te donne mon âme, je te donne ma pensée. Si je connaissais quelque chose dont tu eusses envie, je te le donnerais à mes risques et périls. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 242-243
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « mal entendu ».


29 mars [1836], mardi soir, 8 h. ¾

Je t’ai à peine quitté depuis une minute, mon cher bien-aimé, et déjà j’ai le besoin de t’écrire, le trop plein de mon cœur s’en va sur le papier. Pauvre petit ange adoré, vous êtes ma joie. Quand vous êtes auprès de moi, je me sens joyeuse et tranquille, je crois que vous m’aimez. Mais dès que vous êtes parti, je deviens triste et inquiète et toutes mes incertitudes, tous mes doutes, reviennent au galop. Je vous aime, mon Victor, aimez-moi donc aussi, par pitié si ce n’est par justice.
Je compte beaucoup sur la promesse que vous m’avez faite ce soir et je tiens ma PRIME à votre disposition.
Bonjour, cher Toto, je vous ai laissé aller à vos affaires espérant que vous n’abuserez pas de ma confiance pour vous rendre au théâtre. Ce serait affreux et je ne vous en crois pas capable.
Je t’attends, mon Toto, avec une bonne provision d’amour. J’ai des bons baisers touta frais et de bonnes caresses toutes chaudes avec lesquels vous pourrez vous régaler si vous avez faim et soif de moi comme je l’ai de vous.
Je t’aime, tu sais ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 244-245
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « tous ».

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