Guernesey, 10 juin [18]63, mercredi matin, 8 h.
Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, je t’aime et si tu as passé une bonne, bonne, bonne nuit et si tu te portes bien je t’en offre autant avec le bonheur par-dessus le marché. Quelle bonne petite soirée hier ! Tout le monde était à l’unisson de gaîté et d’entrain sans compter ta charade qui se disloquait aux quatrea points cardinaux de [illis. ?] de l’agaçant, de l’ébêtant et du sublime. Quel dommage que ton bon Charles [1] n’en soit plus ! Quelle bonne et tendre lettre il t’a écrite hier et comme tu vas être heureux de le revoir ! Il est bien regrettable que ton charmant petit Toto ne puisse pas être de ce voyage. Quel TOUT complet ces deux éblouissants êtres auraientb été pour ton cœur, pour ton âme et pour ton esprit ! Mais puisque cela ne se peut pas, du moins cette année, il faut te contenter de la moitié de ton bonheur et en être aussi heureux que si tu l’avais tout entier. C’est bête comme tout ce que je te dis là [2] mais je me comprends et je sais que je t’aime à me donner le droit d’être bête jusqu’au sublime. À propos de voyage, puisqu’il ne peut avoir lieu que dans six semaines, est-ce que tu ne serais pas d’avis de profiter de ce temps pour déménager [3]. Autrement nous arriverons dans les jours les plus courts, c’est-à-dire la saison la plus mauvaise pour faire travailler à ce genre d’ouvrage. Après cela tu sais mieux que moi ce qui te convient et ce qui me convient, et tout ce que tu fais et feras sera toujours bien pourvu que tu m’aimes.
J.
BnF, Mss, NAF 16384, f. 152
Transcription de Gérard Pouchain
a) « quatres ».
b) « être aurait ».