Guernesey, 1er juillet [18]67, lundi matin, 6 h. ½
Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, du haut de ma bonne nuit, bonjour, je t’adore. Comment as-tu dormi, toi, et comment es-tu ce matin ? Bien je l’espère. Le jour où tu voudras que nous allions à notre colonne [1], il ne faudra pas commander la voiture. Ainsi si tu veux en faire la partie mercredi, je suis toute prête et j’en serai bien heureuse. Je ne te dis pas demain parce que c’est le jour des Marquand et que je ne veux pas risquer d’être trop fatiguée pour les mieux recevoir. Mais, ce jour une fois passé, je suis toute à ta disposition pour notre cher et charmant et doux pèlerinage. Le plus tôt sera le mieux.
A-t-on pensé à tes deux œufs pour ce matin ? Je serais bien contrariée si on les avait oubliés. Je vais prendre des mesures pour que tu en aies de frais pondus tous les soirs. Suzanne connaît une ferme au bas d’Havelet [2] où elle est sûre d’en avoir en les payant ce qu’il faut. À partir de ce soir, ton service de cocottes sera régularisé et tu n’en manqueras plus. Telle est ma volonté. Qu’avez-vous à répondre ?
BnF, Mss, NAF 16388, f. 174
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette