Mardi après-midi, 2 h. ¼
Mon cher petit Toto, mon cher petit homme, depuis que vous m’avez administré tous vos remèdes magnétiques spécifiques et autres, je suis tout à fait bien, je n’ai pas la moindre colique, pas le plus petit mal d’estomac. Enfin, je suis comme dans le paradis. Je n’ai pas voulua me débarbouiller avant de vous apprendre cette guérison miraculeuse. Vous ne vous étonnerez pas, je l’espère, si je vous aime encore un peu plus que ce matin, puisqu’aub sentiment de l’amour se joint celui de la reconnaissance pour la cure merveilleuse que vous avez faite sur moi.
Voilà, mon cher petit homme, ce que j’ai voulu vous écrire avant de me lessiver des pieds à la tête. Je vais me dépêcher dans le cas où vous viendriez me chercher pour que vous n’attendiez pas après moi. Aussitôt que je serai en ordre, je m’occuperai de la lettre de M. P. [1]. Tu ne peux pas savoir, mon cher bien-aimé, combien cette lettre m’embarrasse à cause du dégoût que m’inspire la conduite de cet homme. Quelle différence avec toi ! Oh oui, tu es bien le plus beau et le plus généreux des hommes. Je t’aime, je t’adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16323, f. 44-45
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
a) « voulue ».
b) « puisque au ».