Guernesey, 23 décembre 1862, mardi, 1 h. ½ après midi
Que tu es bon, que tu es doux, que tu es charmant en toute chose, mon grand bien-aimé, c’est du plus profond attendrissement de mon âme que je te le dis et que je t’en remercie. Maintenant, mon trop généreux homme, permets-moi de te donner le conseil de ne pas t’inquiéter trop souvent des motifs de mon hypocondrie car cela finirait peut-être par te coûter trop cher, témoin de ce qui s’est passé ce matin. Sans compter que cela n’empêche pas les RATS de Suzanne de me tourmenter et le noir du ciel d’obscurcir ma pensée. Cependant, mon ineffable petit homme, grâce à mon MANTEAU DE VELOURS LE PLUS BEAU et surtout grâce à ton adorable bonté, me voici de l’humeur la plus rose et la plus joyeuse et je sens que mon mal de tête se dissout dans un bleu splendide. J’espère que tu me trouveras telle que tu le désires quand tu viendras me voir. Mais quand VIENDRAS-TU ME VOIR ? THAT IS THE QUESTION à laquelle tu ne répondras jamais assez tôt au gré de mon amour et de mon impatience. En attendant, je te souris, je t’aime et je te baise de toutes mes forces.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 278
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa