Guernesey, 20 juillet 1862, dimanche soir, 8 h.
Je suis épuisée, éreintée, courbaturée et échinée, mon cher petit homme, mais je t’aime, mais je suis heureuse, mais je Jujubile car je suis venue à bout de faire ce cher petit pélerinage à notre colonne auquel je tenais tant et que nous n’avions pas encore pu faire depuis notre retour ici. Enfin nous l’avons vue, cette chère hideuse colonne, ce doux MONSTRUEUX THE MONUMENT [1]. Nous l’avons revu par le plus beau temps du monde et dans les meilleures conditions du corps, du cœur et de l’esprit ; je suis contente, je remercie Dieu et je t’aime par-dessus mon âme. Je ne crois pas que je pourrai redoubler le passus ce soir parce que mes jambes ne sont pas à la hauteur de mon cœur, mais je suis sûre qu’assise ou debout, dehors ou dedans, je te souris, je t’aime et je te bénis comme ce qu’il y a de meilleur, de plus grand et de plus adorable au monde.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 184
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa