Juin 33a
Mon cher Victor, mon bien-aimé, ne t’inquiète pas, je suis aussi bien que peut l’être une pauvre femme qui a perdu le bonheur et la joie de toute sa vie. S’ilb était possible de te faire connaître mon asile sans nous exposer l’un et l’autre, mais surtout moi, à de nouveaux déchirements sans résultats pour l’avenir : car la confiance, chose indispensable dans une liaison comme la nôtre, n’existe plus chez toi. Dieu m’est témoin que je ne t’ai pas trompéc dans notre amour une seule fois depuis quatre mois, soit en actions soit en pensées.
Ce que je t’ai cachéd n’était que pour nous épargner à l’un et l’autre des tourmentse inutiles dans la disposition d’esprit où nous étions tous les deux depuis plusieurs mois. C’était un tort, c’est vrai, mais qui avait son excuse dans l’intention.
BnF, Mss, NAF 16322, f. 11-12
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
[Guimbaud, Massin]
a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une autre main de celle de Juliette Drouet.
b) « si il ».
c) « trompée ».
d) « cachée ».
e) « tourmens ».