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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 20 février 1855, mardi après-midi, 2 h. ½

Prenez-en votre parti, mon cher bien-aimé, mais je ne veux pas inaugurer sans vous la première sortie de l’année. Vous savez que je suis très superstitieuse de cœur. Aussi je ne bougerai pas de chez moi, non plus qu’un vieux bloc, tant que vous ne m’aurez pas fait étrenner mon premier rayon de soleil. Maintenant cela vous regarde mais le CLAIR DE LUNE ne comptera pas, je vous en avertis.
Je viens de recevoir une lettre pleine de cœur de mon beau-frère [1] sur le malheur qui vient de te frapper si brusquement [2]. Ce n’est pas d’aujourd’hui que je sais combien ce brave homme t’aime et t’admire mais je lui sais gré de ce nouveau témoignage de douloureuse sympathie que toute la France devrait mettre à tes pieds vénérés, si la couardise et son abjection n’arrêtaient pas son élan vers toi. Quant à moi, mon divin bien-aimé, je mets ma gloire et mon honneur à baiser la trace de tes pas dans la douloureuse ascension de ton calvaire, et je fais de mon âme l’encensoir de mon amour. Je t’attends avec tout ce que j’ai de plus tendre et de plus doux : avec les baisers sur les lèvres et l’adoration dans les yeux.

Juliette

BNF, Mss, NAF 16376, f. 78-79
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

Notes

[1Louis Koch est le beau-frère de Juliette Drouet, mari de sa sœur aînée.

[2Abel, frère aîné de Victor Hugo, est mort le 8 février.

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