Guernesey, 3 mars 1862, lundi matin, 8 h.
Bonjour, mon cher adoré bien-aimé, bonjour comme une femme qui a bien dormi toute la nuit, qui se porte très bien et qui t’aime par-dessus tout. Voyons à présent votre style. Comment répondrez-vous à toutes les bonnes nouvelles que je vous donne et qu’est-cea que vous me rendrez pour toutes les bonnes avances que je vous fais, mon cher petit homme ? Je vous attends de cœur ferme et avec l’espoir que tout est en vous comme je le désire.
Cher bien-aimé, je ris à travers mon gribouillis pour bien te montrer que je me porte très bien et que j’ai passé une good, good nuit et puis je pense que nous festinerons ensemble demain, jour doublement FÉRIÉ pour nous, car c’est encore notre anniversaire [1]. J’aurais voulu qu’aucune préoccupation triste ne s’y mêlât, mais le départ de ta femme étant résolu pour demain même, je crains que notre pauvre petite fête n’en soit attristée et que tout notre pauvre petit groupe ne soit assez morne. Ce qui est sûr, mon cher adoré, c’est que rien ne peut diminuer mon amour qui rayonne partout et toujours en quelque circonstance que ce soit. Mon Victor, je te bénis, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16383, f. 55
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « et qu’ qu’est-ce ».