Paris, 17 août 1882, jeudi matin, 8 h.
C’est grand dommage, mon cher bien-aimé, que nos heures d’insomnie ne s’ajustent pas l’une sur l’autre, car j’aurais pu t’épargner cette nuit le petit ennui de te relever de ton lit pour boire ta dose d’Élatine [1]. Je le regrette d’autant plus que j’ai très peu et très mal dormi. Quant à toi, mon grand petit homme, j’ai l’espoir, et presque la certitude, que tu feras un bon somme de rabiot dans la matinée ce qui me tranquillise sur les conséquences de ta mauvaise nuit. La fête [2] de ton cher petit Georges s’est très bien passée hier et tu as dû en être bien content. Il est vrai que tes trois toasts de famille n’ont pas peu contribué à faire rayonner tous les cœurs qui t’écoutaient avec admiration et avec ravissement. Quant à moi, mon grand bien-aimé, je m’associe toujours corps, cœur et âme à tout ce qui peut faire ton bonheur ; c’est te dire combien j’ai partagé ta joie hier. Sois béni, je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 148
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette