Paris, 8 juin 1882, jeudi matin, 9 h.
Cher bien-aimé, au galop de ma plume et de mon cœur je te conte ma restitus la plus échevelée et la plus tendre car il s’agit de faire tenir toute ma journée dans quelques heures. J’ai déjà fait l’autopsie des lettres pour savoir ce qu’elles ont dans le ventre aujourd’hui. Dans toutes, ou presque toutes, l’admiration et l’adoration au suprême degré. Le bon Schœlcher, lui, t’écrit seulement pour te demander de lui permettre, pour cette fois, de changer son samedi en vendredi demain. De Torquemada pas un mot. Il attendra que tu le lui donnes pour s’apercevoir qu’il existe. On n’est pas plus raidibus que ce citoyen. Ce qui ne l’empêche pas d’être un parfait ami dans son genre. Autre guitare, je t’adore ! Tu ne le savais peut-être pas ? Eh bien je te l’apprends. METS ÇA DANS TON JOURNAL, ça ne peut pas te faire de mal.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 107
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette