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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mai 1882

Paris, 21 mai 1882, dimanche matin, 8 h.

Donnant, donnant. C’est bien le moins, cher maître, que vous me rendiez quelques mots pour l’immense gribouillis que la bonne Sainte Julie vous adresse en cette occasion. Ce serait la première fois, depuis tantôt cinquante ans, que vous manqueriez à cette politesse annuelle et obligatoire et vous êtes trop bon gentleman pour commencer aujourd’hui. Sérieusement, mon grand bien-aimé, tu me ferais un grand chagrin si tu me privais de ta bonne petite lettre aujourd’hui, car je n’ai pas d’autre raison qu’elle pour m’attarder dans la vie, comme je le fais, malgré les mille maux qui font des efforts désespérés pour m’en faire déguerpir. Aussi, mon grand petit homme, je compte, avec un redoublement de confiance en ton amour, sur ton cher petit billet doux [1]. Tu dormais profondément quand je suis entrée dans ta chambre il y a une heure ; ce n’est pas une raison pour préjuger que ta nuit a été bonne, c’est presque le contraire ; en attendant que tu me dises toi-même ce que tu en pensesa j’ai déjà dépouillé les lettres venues hier soir parmi lesquelles un accusé de réception de la Banking Cie de Guernesey des dix mille francs que tu t’engages à payer à vue et signé du nom de Vaucour gérant de la banque. Plus une lettre de Mme Chenay [2], moins lamentable que la précédente, et pour cause, qui a reçu les huit cents francs destinés à payer toutes les dépenses dont tu as le compte par devers toi, moins un reliquat de seize francs qui sera reporté au compte du mois prochain. Voilà, mon grand petit homme, par le menu, l’état de mon cœur et celui de tes affaires. Je te souris, je t’aime je t’adore et je te bénis de toute mon âme.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 89-90
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]

a) « pense ».

Notes

[1Juliette sera exaucée dans la journée.

[2Une lettre de Mme Chenay, sa belle-sœur, gardienne de Hauteville House, reçue le 7 mai, informait Victor Hugo de ce qu’il avait à payer, y compris les taxes pour sa maison et celle de Juliette. Victor Hugo y a enfin répondu le 17 mai.

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