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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 19 janvier 1861, samedi matin, 9 h.

Bonjour, mon doux bien-aimé. Bonjour, mon adoré petit homme, bonjour, comment que ça vous va ce matin ? Avez-vous passé une très bonne nuit et tous vos petits bobos se comportent-ils bien ? Je ne le saurai que dans deux heures au plus tôt mais je fais de la patience et de la sécurité en songeant à la lettre du docteur Louis [1] et en me rappelant combien tu te trouvais bien en me quittant hier au soir. Quant à moi, je vais on ne peut pas mieux et jamais je n’ai aussi bien dormi que depuis que j’ai le rhume de cerveau : il n’y a pas de mal qui ne serve à bien, dit le proverbe, et je m’en aperçois pour moi en ce moment-ci. Cependant j’aime mieux pour toi un peu moins de bien et pas du tout de mal ; tel est mon égoïsme et bisquez si vous voulez. C’est aujourd’hui que la jeune de Patourel doit m’apporter son ALBUME ou son ALBOME pour que tu lui écrivesa deux mots signés. Quant à moi ce n’est que pour la forme qu’on me demande de mon écriture mais comme je tiens à rester très bien avec cette famille guernesiaise qui me fait une si belle vue et m’envoie de si bons fruits et de si belles fleurs je lui ficherai ma photographie en petit. Cela lui fera l’effet d’une énorme FAVEUR dont j’aurai la lâcheté de profiter à l’occasion. J’espère que tu n’y verras aucun obstacle, AU CONTRAIRE. En attendant, je vous aime de tous mes yeux, de tout mon cœur et de toute mon âme et je vous baise de même de toutes mes forces. Cher adoré, que Dieu te donne la santé pour que je n’aie plus rien à désirer en ce monde si tu m’aimes comme je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 18
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « écrive ».

Notes

[1Le docteur Louis est le médecin de la famille Hugo avant l’exil mais malgré la distance Hugo le considère encore comme sa « providence, [...] de loin comme de près ». Il demande notamment son avis, en plus du docteur Corbin, lors de sa longue maladie du larynx qui commence fin 1860 et qui se poursuit au début de l’année 1861. [Jean-Marc Hovasse, Victor Hugo, t. II, Pendant l’exil I 1851-1864, Fayard, 2008, p. 118].

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