Paris, 7 mai 1882, dimanche matin, 8 h.
Encore une nuit médiocre, mon cher bien-aimé, pour toi comme pour moi. Heureusement que cela ne nous empêche pas de nous aimer et d’être heureux, et même de nous bien porter dans la mesure de nos forces septuagénaires et octogénaires. Mme Chenay te renvoie le duplicata de la note qu’elle t’avait déjà envoyéea pour t’informer de ce que tu as à payer. Elle y ajoute en plus les taxes de ta maison et de la mienne [1] venues, dans l’intervalle, en même temps que le nom du directeur de la Banking compagnie de Guernesey qui est toujours le même Vaucour, notre ex voisin, qui a failli devenir le beau-père de Kesler. Je te porterai sa lettre dès qu’il fera jour chez toi ; plus une lettre du ministre de la Justice qui accorde remise entière de la peine du condamné Michel que tu lui as demandéeb [2] et une lettre d’une pseudo cousine à toi, la seconde qu’elle t’écrit, et qui prouve pour moi de plus en plus qu’elle ne t’est rien du tout. Cela dit je t’aime à feu et à sang et d’arrache-cœur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 76
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « envoyé ».
b) « demandée ».