26 septembre 1858

Guernesey, 26 septembre 1858, dimanche matin, 8 h.

Bonjour, mon toujours bien-aimé ; bonjour, mon adoré petit homme, bonjour. Comment va ton clou [1] ce matin et qu’en pense ou panse le docteur ? J’espère qu’il t’aura confirmé dans l’opinion que tu en avais, qu’il se réduisait presque de lui-même. C’est dans cette conviction que je risque ma petite jovialité matinale, sans compter qu’il fait un temps exquis et dont tu pourras profiter avec tes belles Parisiennes et peut-être un peu avec moi. Cependant, je me résigne d’avance à leur céder tous mes droits pour ne pas gêner ni entraver ton hospitalité pleine et entière envers ces dames. Eh bien ! que dis-tu de ma proposition pour le nique [2] ? Il me semble que c’est la seule solution possible raisonnablement ? Chacun rentrerait dans son argent et pourrait en faire un nique ou un pique particulier selon ses besoins ou son goût. Il n’y aurait de molesté que le bonhomme Lefebvre et M^me Ménage auxquels on avait promis des réjouissances publiques et nombreuses, mais on pourrait leur offrir une compensation et du veau à domicile ; qu’en dites-vous ? Il serait bon de décider un peu d’avance entre nous, avant d’en parler officiellement. J’attends votre bon plaisir et je vous aime à tu et à toi.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 273
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette