Paris, 13 avril [18]79, dimanche matin, 8 h.
Cher adoré, je te donne mon bonjour tout frais pondu en guise d’œufs de Pâques, pour peu que tu veuilles bien l’ouvrir tu y trouveras mon cœur tout plein de toi. J’espère que cette nuit aura été aussi bonne pour toi que l’autre. Quant à moi, je n’ai pas lieu de m’en vanter car elle a été assez triste. Enfin j’en prends mon parti puisque je ne peux pas faire autrement.
Hetzel t’écrit qu’il arrive du midi où il a passé l’hiver pour sa santé. Il te prie de lui donner le plus tôt possible un rendez-vous pour une affaire très importante qui aura, croit-il, ton assentiment et celui de Paul Meurice. Je te la porterai dès qu’il fera jour chez toi. En attendant je vais écrire à Louis Leroy pour dimanche prochain. Il fait un temps charmant ce matin, quoique un peu froid ? Cela me donne l’espérance d’une bonne longue promenade avec toi tantôt. Je te renouvelle ma prière d’aller à Saint-Mandé [1] pendant les vacances du Sénat. J’ai besoin de revoir cette chère tombe et de m’assurer qu’on en prend soin. Je compte sur ta bonté ineffable pour cela et je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 99
Transcription de Chantal Brière