Paris, 8 mars [18]79, samedi matin, 7 h. ½
Cher bien-aimé, je ne sais pas où tu en es de ta nuit et Mariette, elle-même, ne le sait pas assez pour me renseigner à ce sujet. Aussi, dans le doute, je m’abstiens de la joie et de la tristesse mais non de t’aimer à cœur que veux-tu ? et de toute mon âme. Monselet t’écrit une lettre charmante pour te prier de lui permettre, si tu le trouves bon, de se présenter à l’Académie cette fois. Une autre exquise du brave Gustave Rivet, une autre de maître Bigault (notaire à Versailles, place Hoche, 3) à propos de la succession du sieur [Dovier ?] qui t’avait [institué ?] son légataire universel avec beaucoup d’autres de tes collègues. Il te prie de lui faire dire quand tu veux qu’il t’apporte ton désistement légal de cette dite succession, si tu n’aimes mieux l’aller signer chez lui à son étude. Il se met à ta disposition dans tous les cas. Quant aux séances du Sénat il n’y en aa pas aujourd’hui et l’ordre du jour le plus prochain est pour mardi 11, réunion [dans ?] les bureaux à deux heures, séance publique à trois heures. Sommaire : chemin de fer etc, etc, rien, rien, rien. Du reste il fait un temps ravissant qui fait venir le printemps à la bouche. Le bonheur serait d’en profiter avec toi tantôt mais le voudras-tu ? le pourras-tu ? En attendant ta réponse je vais lire l’article de Pierre Véron sur La Pitié suprême, d’avance je suis sûre qu’il sera plein de cœur et d’admiration presque autantb que si je l’avais dicté, moi qui t’adore.
[Adresse :]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 68
Transcription de Chantal Brière
a) « n’a ».
b) « presqu’autant ».