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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 septembre [1844], vendredi matin, 11 h. ¾

Bonjour mon bien-aimé, bonjour mon Victor chéri, bonjour le plus doux et le plus généreux des hommes, bonjour, je baise tes pieds, je t’aime, je t’adore. Comment vas-tu ce matin mon cher adoré ? Moi j’ai rêvé de cette ignoble femme toute la nuit. Je regrette d’avoir si mal employé mon sommeil car vraiment cette créature ne vaut pas la peine qu’on s’occupe d’elle, même en rêve.
Mon cher adoré, mon noble Victor, mon orgueil, ma joie, ma gloire, ma vie, mon âme, mon amour, sois bénia.
Quand te verrai-je mon Toto chéri ? Mon âme se tourne vers toi comme certaines plantes vers le soleil. Je te suis de la pensée et du désir. Je hâte ton retour de tous mes vœux et de toutes mes forces. Je t’attends avec une ardente impatience. Je donnerais des années de ma vie pour chaque minute qui hâterait ton retour. Tu ne peux pas savoir combien je t’aime, mon Victor, c’est au-dessus de tout ce que tu peux désirer et imaginer. Le bon Dieu seul peut connaître la grandeur de mon amour parce qu’il le voit dans toute son immensité.
Reviens bien vite, mon doux aimé. J’ai des trésors de tendresse et d’amour à te donner et des morceaux de baisers à déposer sur ta jolie petite bouche.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 149-150
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « bénis ».


13 septembre [1844], vendredi soir, 4 h. ½

Il ne faut rien moins que l’espoir de te voir ce soir, mon cher adoré, pour me faire oublier tous mes maux et toutes mes maladresses. Je suis furieuse contre moi. Si je pouvais me donner des coups, je le ferais avec volupté pour m’apprendre à être aussi maladroite et aussi blaireuse que ça. Mais, tu viens ce soir, je me pardonne et je ne souffre plus. Je suis très heureuse, très heureuse !
Je vais faire faire une dictée à Claire tout à l’heure. Dans ce moment-ci elle étudie son piano comme une enragée. Je ne sais pas si cette pauvre enfant travaille avec fruit, mais je sais qu’elle ne perd pas une minute dans la journée. Ses récréations même sont employées à faire des petits ouvrages charmants pour nous tous. Elle est bien gentille à présent, et si elle avait un peu plus d’ordre, elle serait tout à fait charmante. Je te dis cela, mon cher adoré, parce que c’est à toi que je dois d’avoir une bonne et charmante fille. Tu m’as consolée, guidée et éclairée dans les moment difficiles de sa jeunesse. Je ne l’ai pas oublié, mon adoré, et je t’en remercie devant Dieu à tous les instants de ma vie. Sois bénia, sois consolé à ton tour, mon cher Victor, dans ta ravissante famille.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 151-152
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « bénis ».

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